[Témoignage] Mélanie Bachimont nous parle de son quotidien de professeure des écoles auprès d'élèves en situation de handicap
Mélanie Bachimont, 29 ans, travaille depuis maintenant 5 ans à Créteil en Ulis-école auprès d'élèves en situation de handicap, où elle met en pratique des méthodes pédagogiques innovantes. Ses élèves reçoivent un enseignement adapté au sein de l'unité localisée pour l'inclusion scolaire (Ulis) et partagent certaines activités avec les autres écoliers.
"Professeur des écoles : un métier d'innovation et de passion"

"Un métier d'innovation et de passion"
Pourquoi avez-vous choisi de devenir enseignante ?
J'avais l'habitude de travailler avec des enfants, et comme je n'aime pas du tout la routine, je préfère être sur le terrain et cherche à renouveler mes pratiques. Le métier de professeur des écoles me tentait et comme j'étais très sportive, j'ai choisi de faire un cursus Staps. Je vois dans ce métier une liberté d'agir, de faire des choix et de les expérimenter et je ne regrette absolument pas ce choix, qui correspond pleinement à mes attentes.
Pourquoi avez-vous choisi d'enseigner auprès d'élèves en situation de handicap ? Quelle méthode pédagogique adoptez-vous ?
À vrai dire, tout vient d'une première et belle expérience, à l'occasion d'un remplacement. Rapidement, j'ai souhaité retourner dans l'ASH (Adaptation Scolaire et scolarisation des élèves Handicapés). J'ai alors découvert un monde nouveau, celui des élèves porteurs de troubles du spectre autistique. J'ai beaucoup appris auprès d'un petit groupe particulièrement attachant, et j'ai j'ai eu envie de poursuivre dans cette voie.
En termes de méthode, je m'adapte aux besoins de chacun : certains ont par exemple besoin d'un cadre très explicite, d'un fort étayage visuel, donc j'aurais recours aux pictogrammes pour l'emploi du temps et les règles. Pour d'autres, je vais construire ou leur faire construire leurs propres outils de médiation, type schématisation, mur de mots de la classe... Enfin, ma classe participe à l'opération Clis'tab, donc j'ai beaucoup recours au numérique par le biais de tablettes notamment, pour remédier, créer ou communiquer.
Comment intégrez-vous le numérique dans votre enseignement ?
Ce n'est pas seulement une substitution du support papier, c'est vraiment le numérique au service des apprentissages. Pour cette année, j'expérimente l'usage de Twitter dans le cadre de l'enseignement moral et civique (EMC). J'ai cofondé le dispositif @EMCpartageons qui permet à des classes de cycle 2, 3 et de l'ASH d'échanger des idées, de découvrir et de confronter des points de vue.
La philosophie du dispositif @EMCpartageons est d'être inclusif et d'atteindre les objectifs qui sont les mêmes pour tout le monde. Il y a une vraie ouverture vers l'extérieur, une volonté de dépasser les murs de l'école. Beaucoup de mes élèves, qui ont entre 7 et 11 ans, manifestent l'envie de rencontrer en vrai ceux avec qui ils communiquent.
Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans la pratique de votre métier ?
La liberté pédagogique. On a des fils conducteurs que sont le socle commun de connaissances et de compétences et les programmes, mais c'est nous qui organisons les apprentissages en fonction de ce qui nous paraît le plus pertinent pour nos élèves. J'adore expérimenter, chercher et remédier ; dans ce métier, on passe son temps à apprendre, à renouveler ses pratiques. Sans oublier le travail en équipe, avec tous les collègues de l'école et les nombreux échanges, que ce soit avec l'enseignant référent, les médecins, les orthophonistes, etc. et bien sûr les parents.
Quels avantages y a-t-il à exercer ce métier ?
La première chose pour moi, c'est la possibilité d'agir et d'être vraiment utile. On accueille les élèves à un certain stade de leur scolarité, il y a des obstacles et on cherche à les amener le plus loin possible. J'ai aussi fait de très belles rencontres dans mon école, j'ai énormément appris auprès de certains collègues - et je continue d'apprendre ! On peut aussi choisir de suivre des formations et passer des concours ou des certifications, comme je l'ai fait, pour évoluer dans le métier.
A contrario, quelles sont les difficultés auxquelles il faut faire face ?
Parfois, dans certaines situations, on peut se sentir démuni. Par exemple, des élèves d'ASH qui n'auraient pas de place dans des structures de soin alors qu'ils en ont besoin, des difficultés à orienter certains élèves... Même si nous ne sommes pas là pour prendre ce genre de décision, on s'interroge sur les choix qui conditionnent l'avenir de l'enfant.
En quoi votre pratique de l'enseignement a-t-elle évolué depuis le début de votre carrière ?
Maintenant, dans ma pratique, j'essaie de faire un maximum de mise en relation entre les différents domaines d'apprentissage, de développer la pédagogie de projet, la création d'outils...
J'ai aussi passé un Capa-SH, une formation pour se spécialiser dans une option, et l'an dernier le Cafipemf, qui permet de devenir maître formateur, avec option ASH. Je suis aussi déchargée une journée par semaine, le vendredi, pour me consacrer à la formation. Je forme des enseignants fonctionnaires stagiaires sur le terrain et à l'ESPE (École supérieure du professorat et de l'éducation), donc ça me permet de voir une autre facette du métier.
Que diriez-vous à un étudiant pour l'inciter à devenir enseignant ?
Au quotidien, on travaille avec des élèves très attachants, lors de journées bien remplies, parfois fatigantes mais intenses, avec beaucoup de réflexion, d'hypothèses... Je conseillerais aux futurs enseignants de chercher toujours, parce qu'innover est plus plaisant que reproduire.
Propos recueillis en Février 2016.
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