[Témoignage] Armand Carr nous parle de son quotidien de professeur de lettres dans un collège de l'éducation prioritaire

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L'éducation prioritaire a été un choix de cœur comme de raison pour Armand Carr, professeur de français dans un collège à Mulhouse. Après quatre ans passés dans la campagne alsacienne, la rencontre avec les collégiens s'est révélée, pour cet enseignant de 30 ans, le meilleur moyen de prendre du recul sur sa pédagogie pour s'améliorer, en continu et en équipe.

"Devenir enseignant, c'est être animé par la conviction de pouvoir changer les choses"

"Devenir enseignant ou être animé par la conviction de pouvoir changer les choses"

Pourquoi avez-vous choisi de devenir enseignant ?

Je suis une personne utopiste et idéaliste, et ce désir de devenir enseignant m'est venu d'une rencontre avec un professeur de lettres qui m'a beaucoup marqué. J'ai eu de bons résultats au bac français et ce débouché m'a semblé évident. Je voulais transmettre et donner le goût de la lecture.

Pourquoi avez-vous choisi d'enseigner au collège ?

J'aime beaucoup enseigner au collège. On s'adresse à des jeunes gens en pleine transformation personnelle et cela implique un rapport particulier avec les élèves.

Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans la pratique de votre métier ?

Cette relation si privilégiée avec l'élève. Aujourd'hui, ce métier rayonne encore, il est toujours valorisé par les jeunes pour qui il reste un modèle. Je pensais prendre une grande claque en arrivant en "Rep +", rencontrer des élèves "anti-profs", mais il y a un énorme respect pour l'enseignant, qui reste une figure d'autorité dont le rôle est de transmettre des savoirs. Le français est une matière du socle commun qui se trouve au carrefour d'autres disciplines. Et en tant que professeur de français, je peux transmettre des outils, mais aussi une ouverture culturelle vers le théâtre et le cinéma.

Quels avantages y a-t-il à être enseignant ?

Nous avons beaucoup de vacances, c'est vrai ! Et les horaires me permettent d'être présent à la maison auprès de mes enfants. Toutefois, il y a en plus des 18 heures de service, beaucoup d'heures de préparation et de correction des cours. L'autre avantage, ce sont les possibilités de formation offertes tout au long de sa carrière pour s'ouvrir à de nouveaux champs disciplinaires.

A contrario, quels sont selon-vous les inconvénients du métier ? Les difficultés auxquelles il faut faire face ?

C'est un métier fatigant et éprouvant. En "Rep +", il faut s'adapter au public et sans cesse se remettre en question. Je pense qu'il s'agit d'un contexte encore plus exigeant pour un enseignant. Les élèves n'ont pas envie que le professeur nivelle vers le bas et ils nous le disent. L'élève est le premier juge de nos cours.

En quoi votre pratique de l'enseignement a-t-elle évolué depuis le début de votre carrière ?

Ma pratique se transforme, notamment en ce qui concerne les méthodes d'évaluation. J'évite de mettre des zéros et je tends vers une note finale, globale, favorisant les remarques et les conseils pour que l'élève s'améliore, plutôt qu'une note qui tombe comme un couperet et qui le démotive.
J'ai également évolué dans ma relation avec les élèves. Au début, on a du mal à juger la distance à respecter, la posture à adopter. Avec l'expérience, la pratique change forcément.

Vous avez exercé dans plusieurs établissements. Qu'est-ce que cela implique dans vos méthodes d'enseignement ?

Il y a une hétérogénéité dans tous les collèges, mais dans un établissement "Rep +", les contrastes sont encore plus forts, entre les élèves qui ont des moyennes générales très élevées et ceux en décrochage scolaire. La tâche est alors encore plus complexe, il faut adapter son cours.

Si vous deviez définir votre quotidien en quatre qualificatifs...

Éprouvant car les journées sont longues, stimulant car l'on fonctionne par projets, frustrant car on sait qu'il y aura toujours des élèves en échec et certains qui n'adhèrent pas à notre pédagogie... Enrichissant aussi car il y a des débats entre profs, et un rapport particulier avec les élèves.

Que diriez-vous à un élève en cours d'orientation ou à un étudiant pour l'inciter à devenir enseignant ?

Je lui dirais que ce métier doit être une vocation et non un choix par défaut. Il faut en avoir envie ! Il ne faut pas le faire pour les vacances mais être animé par la conviction que l'on peut changer les choses.

Propos recueillis en Février 2016

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CollegeITW-visio1 par EducationFrance

Mise à jour : 29.04.2016

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